En route pour la libéralisation du poker sur internet !
Si vous me lisez régulièrement, vous avez certainement dû vous rendre compte que j'avais un faible pour tout ce qui touche aux technologies, aux gadgets et à l'inutile.
Gamin mes héros se nommaient entre autre et dans le désordre : Bill Gates, Steve Jobs, Sport Billy, Jérome Bonaldi, Patrice Carmouze, Joël de Rosnay, R2D2 ou bien encore Marty McFly...A vrai dire aussi loin que mes souvenirs me portent ou presque, j'ai un clavier sous les doigts. Je vous parle d'un autre temps où un micro-odinateur c'était ça. Après cette merveille, j'ai été l'heureux propriétaire d'un ZX80, d'un MO5 ou encore d'un Apple IIe d'occasion. un temps où Microsoft et Intel n'avaient pas encore fait main basse sur l'informatique domestique mondiale.
Un temps où mes lectures préférées étaient les écrits de Joël de Rosnay cité plus haut que j'avalais telles des paroles d'évangiles.
Un temps où cet auteur parlait d'ordinateurs qui seraient un jour capables de communiquer entre eux, il disait même que l'on pourrait s'envoyer du courrier électronique d'ordinateur à ordinateur et que le matin en se levant on pourrait consulter ses messages directement sur son imprimante qui les aurait imprimés durant la nuit.
Et puis le temps a passé : Transpac, Teletel, Teletexte, modem 4800 bauds, point d'accès internet national, facture France Télécom à 8000 Francs par mois, email, newsgroup, Bibillard et enfin web.
Ce web qui allait révolutionner notre vie au jour le jour, celui que je n'osais espèrer lorsque j'avais 10 ans à peine. Celui dont je n'allais plus pouvoir me départir, celui qui allait remplacer mes heures de programmation en Basic d'antan en heures de surf d'aujourd'hui.
A cette époque, je jouais déjà au poker, plus précisèment au draw (celui des cowboys), il y avait eu d'ailleurs une 1 ere vague poker en France dans les années 80, pas celle que l'on connaît aujourd'hui c'est certain, mais un petit engouement était né alors pour ce jeu nous venant tout droit du pays de l'oncle Sam.
A cette même époque, je jouais aussi à la belote, vous allez sourire, mais j'écumais village après village, week-end après week-end pour participer à ces tournois d'octogénaires à la verve inimitable.
Si bien que j'étais devenu une terreur des salles des fêtes et autres bistrot de campagne, lieux où les bouteilles de Pastis régnaient en maître jusqu'à lors, moi le minot d'une douzaine d'années je remportais de nombreux tournois en individuel ou par équipes, jusqu'à ma qualification pour les championnats de France, mon jeune âge m'empêchant cependant d'y participer.
Vers 14 ans, cette passion m'est passée, l'âge de la mobylette et des pots Bidalot en avait sonné le glas. Jusqu'à ce que l'internet, Goa et Wanadoo arrive sur mon écran, allait alors s'en suivre des heures de jeu online par pur plaisir à la fin des années 90, on trouvait alors des milliers de joueurs sur les plates formes prêts à en découdre, il était encore plus dur de trouver une table libre que de s'inscrire à un freeroll sur Poker Stars.
Et puis pour ma part j'ai déménagé, traversé l'Atlantique et suis parti m'installer sur le nouveau continent, j'ai alors vu la déferlente poker s'abatre chez nos alliés yankees.
Télé, internet, supports médias en tout genre, le poker était partout en ces premières années de la decénnie. Un doux mélange de broadcasting (ESPN), de réussite insolente (MoneyMaker) et de marketing du 21 ème siècle (Poker Stars) a littéralement fait explosé ce jeu, que l'on appelle Texas Holdem No Limit.
La planète est devenue folle de poker, la France n'a pas échappé au phénomène accentué par sa triplette magique à elle (Bruel - Canal + - WPT).
Merci donc à nos chers cousins d'Amérique que l'on adore détester, qui aiment autant nos vieux fromages à l'aspect moisis que nous leur Mac Donald's Aseptisés. Ils sont fous des cartes de nos meilleurs chefs alors que nous ne pouvons plus nous passer de leur jeu de cartes favori.
Si bien que notre douce France, terre de monopole et de taxes en tout genre : jeux, alcool, tabac, essence et bien plus encore a fini par accepter de plier face à ce jeu venu d'outre-atlantique, mais également face aux injonctions de l'union européenne devenues de plus en plus pressante.
Lassée de voir ces millions, milliards (Who Knows ?) d'euros échapper aux caisses de l'état chaque année, la France a finalement décidé de casser le monopole de la Française des Jeux et du PMU sur le jeu online jusqu'à lors dressé face à la concurrence telle une tour d'ivoire imprenable.
Notre pays va donc distribuer des licences aux meilleurs élèves de la classe qui pourront opérer librement sur le territoire pendant 5 ans, en contrepartie les joueurs gagneront le droit de payer un nouvel impot lorsqu'il joueront sur l'une de ces poker rooms labélisées Eric Woerth.
Personnage plutôt agréable ma foi, qui a autant de points communs avec De Niro dans le film casino que José Bové en a avec Donald Trump.
La France va essayer de contrôler ce qui par définition est une combinaison incontrôlable : La passion du joueur de poker alliée à la puissance de l'internet.
En somme la France est prête à marcher sur les plates bandes des acteurs internationaux du jeu en ligne, mais se garde bien d'ouvrir le jeu physique en France, le PMU et la française des jeux en gardant le monopole. Il me semble que l'on appelle ça du protectionnisme abusif ou plus concrètement encore : vouloir le beurre, l'argent du beurre et la crémière en prime.
Des points du projet de loi qui porteraient presque à rire s'ils n'étaient écrits par de sérieux énarques, comme la limitation de retour des gains pour les joueurs afin soit disant de ne pas renforcer l'effet d'addiction auprès des joueurs. Trois mots me viennent à la bouche : What the Fuck !
85 % des joueurs online seraient perdants, ceux qui décideront de passer par ces Poker Rooms "nationalisées" le seront encore plus du fait des taxent ajoutées par l'état.
On dit vouloir grâce à ce projet de loi aider les joueurs à ne pas trop dépenser d'argent ? Je rigole encore une fois, quelles sont les mesures appliquées pour aider les centaines de milliers de joueurs intoxiqués du Rapido ou du Turf (dont je croisais des spécimens chaque matin quand j'achetais mes cigarettes) scotchés devant les écrans disséminés dans tous les bar tabacs de France et de Navarre ? La réponse est simple, aucune...No problemo, la chaîne est sous contrôle !
Un projet de loi aussi risible, inapplicable ou illégitime que le DRM sur les CD audio des maisons de disques ou bien encore que la loi Hadopi qui a fait bondir nos voisins européens.
Mr Woerth connaît-il au moins les mots : flush, grindeur, bad beats, overbets, multitabling ? Rien n'est moins sur.
Les mots je prends, capot, dedans et dix de der lui sont peut-être un petit peu plus familier mais n'embrasent plus beaucoup les passions des générations actuelles et malheureusement pour les caisses de l'état les Minitels et leur 3615-3616 et 3617 taxés prohibitivement n'ornent plus les meubles téléphoniques de nos habitations depuis bien longtemps...