Dans l'oeil de la joueuse. Tournoi des dames Everest Poker
A l’occasion de la journée de la femme en 2007 (je ne ferais aucun commentaire sur cette journée bidon), Everest organisa un tournoi exclusivement féminin sur Paris. Après avoir reçu une invitation je me tatai pour y aller ou pas, je décidai finalement de m’y rendre pour ne pas faire l’asociale et essayer de gagner quelque chose. Mon hésitation venait principalement du fait que j ‘ai toujours détesté jouer avec d ‘autres filles (c’est le comble me direz vous) mais j’ai longtemps eu cette impression lorsqu’une fille est à la table elle papote, elle piaille, elle ne joue pas sérieusement, etc (oui c’est vraiment le comble de penser des trucs machos comme ca, je vous l’accorde). Puis un beau jour, lors de ce tournoi des Dames précisemment, mon opinion changea (quelque peu).
Nous arrivâmes sur le lieu du tournoi vers 20h, tournoi qui se situait dans ce qui semblait normalement être un restaurant. Plusieurs tables avaient été installées au fond de la salle et un grand bar longait l’entrée. Dès notre arrivée (les filles j’entends), un sac de goodies Everest Poker nous est remis : casquettes, briquet, porte clés, etc. Je me dis que cela commence plutôt bien et qu’au moins je ne serais pas venu pour rien. Le tournoi devait accueillir à peu près huit tables de dix joueuses soit approximativement quatre vingt joueuses (oui j’aurai pu me passer du calcul je sais).
Les consommations étant gratuites je ne me génai pas pour boire quelques Gin Tonic avant le tournoi tout en papotant avec les spectateurs curieux (masculins) étant venus observés le jeu de cette demoiselle (ou pas). Vers 21h, on nous demande de tirer notre siege au sort et de prendre notre place, Julien Brecard (Yuestud), maitre de cérémonie tres efficace et agréable comme à son habitude, donne le signe du départ.
Les premieres cartes sont distribuées, les dealers sont plus ou moins connus, je crois des gens du Club Poker que je connais déjà (Skub, Tilou, Giorgio, Garlic) et d’autres que je rencontre pour la premiere fois (SoMuchB), je me tais, lance mon baladeur MP3, et j’observe,. La salle est bruyante, pleine de rires, de potins, de parfums. J’essaye de rester concentrer malgres un environnement difficile car je n’étais pas vraiment habituée à ca.
Au bout de deux heures, un break est annoncé, quinze minutes, une vingtaines de joueuses sont sorties. Je file dehors fumer une cigarette en n’oubliant pas au passage de recuper un autre Gin Tonic au bar. Je fume, un peu nerveusement, je dois bien l’avouer et suis rejoint par plusieurs amis me demandant « et sur ce coup t’avais quoi ? Et celui celui la ?? ». Je réponds machinalement que je me souviens de rien. Je me tais aussi car comme tout joueurs, à certains moment je n’ai vraiment pas envie qu’on fasse des commentaires sur la facon dont j ai joué une main.
Au bout de dix, je retourne m’assoir, je commence à avoir un beau stack et au imposé le respect à ma table (et oui je suis pas peu fiere pour une fois). Tout d’un coup on m’annonce qu’une table à été cassée et je dois aller m’assoir ailleurs (« Mais @%*&^#)@($&#(@* » me dis- je tout bas). Je bouge donc mes piles de jetons en essayant de ne pas en faire tomber partout histoire de garder une image sérieuse, je m’assois, me présente, les autres joueuses regardent mon stack d’un air dubitatif ou effrayé. Je remet mes lunettes et « let’s roll ». Deuxieme main, je recois 88, une joueuse raise pre-flop, je suis la seul à payer. Le flop vient A78, elle a un As c’est certain, elle parle en premier, check, elle essaye probablement de me pieger en pensant avoir le meilleur kicker, je rentre dans le jeu et bet la moitié du pot. Elle me call instantanement. La turn vient : 8. Je réprime avec difficulté un sourire, elle overbet le pot, je l’envoi à tapis, elle call rapidement, elle montre ATs , j’abbats mon 88, et entends des « ah ! oh , waa ! » autour de moi. La river vient 2. Je remporte donc un stack avec un coup, certes pas tres difficile pour moi, mais dont je tire un peu de fierté.
La soirée se passe, je continue de monter des jetons tranquillement, mais surement. Les Gin Tonic s’echainent et je commence presque à rire toute seule. Enfin vient la table finale. Le premier prix se constituait d’un week end à Deauville, le second prix d’une journée Spa ou quelque chose de similaire, le troisieme : un ipod touch 8G. les quatrieme un ipod shuffle, etc jusqu'à la 8eme place.
N’étant en aucun cas interessée par un week end à Deauville ou une journée Spa, je décidais d’organiser mon suicide afin de finir à la troisieme et ainsi décrocher l’ipod, mon pauvre baladeur Thomson se mourrant.
Se suicider à une table de poker n’est vraiment pas si facile, surtout si on à un petit coup dans le nez. Apres que la quatrieme soit sortie, je me met à jouer des mains 2To , 63s, J5o, etc. Et me suicide, petit à petit. Je n’étais la seule à vouloir me suicider pour l’ ipod et apres une bataille de merguez (des mains tres tres moisies), je perds enfin et me voit remettre le bel objet de la bataille. Une photo est prise et me classifie donc 3eme. Je reprends un Gin pour feter ca.
Conclusion : Comme toujours, se méfier des apparences, mais ce que m’a appris ce tournoi c’est ce que nous rappelle la devise grecque « connais toi toi-meme ». En effet, je doutais clairement de mes capacités et je me suis surprise en découvrant qu’avec pas mal de concentration et d’attention, eh bien, j’avais aussi mes chances. Je terminerai donc sur ceci : connaissez vos faiblesses aussi bien que vos forces, il est bon de connaitre et de tenter de lire son adversaire mais soyez aussi assuré de vos réactions et de vos réactions, vous ne pouvez pas vous permettre de vous retrouver en terre inconnue lorsque vous gérez vos propres émotions.
Aurélia.