Interview de Simon Rames - Fondateur de BetJob.fr
Je vous ai présenté il y a quelques jours le site BetJob.fr, site d’annonces d’emplois spécialisé dans le Igaming. Je vous propose aujourd’hui d’en savoir plus sur le marché de l’emploi dans le secteur du jeu en ligne. Simon Rames, fondateur de BetJob, répond à mes questions lors de l’interview qui suit. Si vous souhaitez lui poser des questions complémentaires, n’hésitez pas à le faire en commentaire de ce billet, il se fera un plaisir d'y répondre.
Hello Simon, tu es le fondateur de BetJob.fr, le site d’offres d’emplois spécialisé dans l’igaming. Peux-tu nous dire comment est née l’idée de ce concept ?
Salut Chris. Différents éléments ont permis l’émergence de cette idée. Pour commencer, je suis un vrai fan de sport et de poker, dont je suis un joueur régulier depuis 2003. Assez naturellement, je suis l’actualité de l’igaming en France.
Par ailleurs, après deux années passées en tant que consultant informatique dans le milieu bancaire, et un sacré ras-le-bol, j’ai entamé un Master spécialisé en Entrepreneuriat pour me lancer dans mon milieu de prédilection, afin d’associer boulot et passion. Cette formation m’a donné les clés qui me manquaient encore pour me lancer sans freins dans la création d’entreprise.
Au cours de celle-ci j’ai eu différents projets relatifs au poker (qui verront peut être également le jour plus tard) et puis j’ai été contacté par Malte, pour un poste de Manager à Londres pour une room. Dès lors je me suis rendu compte que les chemins du recrutement dans l’igaming étaient longs, sinueux et indirects. Un candidat français voulant bosser dans ce milieu devait forcément passer par Malte ou Londres pour trouver un job, même en France…
Le contexte de l’ouverture des jeux en ligne en France a fini par me convaincre qu’un besoin fort aller naître côté recruteur, j’ai dès lors saisi l’opportunité de créer la première plateforme de recrutement spécialisée iGaming (Poker, Paris Sportifs, Paris Hippiques et Casino) en France, à destination des candidats français.
J’imagine qu’avant de « lancer » BetJob, tu as prospecté auprès des plates-formes de jeu en ligne pour évaluer le marché. Comment dans l’ensemble, ont-elles accueilli ton projet ?
Les premiers échos ont été très positifs. De nombreux recruteurs attendaient une alternative aux cabinets de recrutements Maltais onéreux et pas toujours bien armés pour sélectionner à distance des candidats. Le business model actuel de BetJob est différent des principaux acteurs hébergés hors de France, nous ne touchons pas de commission au recrutement, mais nous monétisons des packages d’annonces côté recruteur.
Nous pouvons également réaliser de la présélection de CV, et de la mise en contact directe, d’autant que notre base de CV est en forte croissance. Notre site a en effet rapidement trouvé un public côté candidats, et de nombreuses entreprises de l’igaming sont déjà présentes sur notre site, après seulement deux mois d’existence. Notre trafic a été multiplié par 10 en un mois. Nous pensons que la première vague de licences délivrées par l’ARJEL va également permettre aux recruteurs d’ouvrir plus sereinement des postes.
L’ouverture du marché va forcement être source de créations d’emplois en France ces prochains mois ou prochaines années, à terme selon toi combien de postes seront créés dans le secteur ?
Il est difficile de quantifier de manière objective le nombre d’emplois que va générer l’ouverture du marché, mais il est sûr que de nombreuses entreprises vont se renforcer, que ce soient les « nouveaux entrants », les acteurs historiques qui n’avaient pas forcément de compétences sur les paris sportifs ou le poker, mais également les entreprises dont les sièges étaient à l’étranger et qui vont en profiter pour s’implanter davantage en France, qui va constituer un des principaux marchés européens et mondiaux. Par ailleurs, des postes vont également se créer dans les médias classiques et onlines, les produits dérivés, les organismes d’affiliation, en bref, partout où des synergies avec ce milieu en plein boom seront envisageables. Enfin les restructurations (partenariats, fusions…) du secteur inhérentes à la situation inédite matérialisée par cette ouverture vont entrainer un turn-over important au sein des entreprises qui va engendrer de l’embauche.
Peux-tu nous dire combien d’annonces d’emplois sont répertoriées sur BetJob à ce jour?
Actuellement, une quarantaine de postes sont ouverts dans différents secteurs, et différentes fonctions, et sur des profils très variés, du Trader Sportif au Responsable des jeux en passant par Développeur PHP, Community manager, ou encore Responsable communication. Ce chiffre devrait croître rapidement suite aux premières vagues de délivrances d’agréments par l’ARJEL.
Nous avons également de nombreux stages à saisir pour les étudiants en fin de cursus, comme celui d’Assistant chef de produit Poker chez Barrière Poker ou encore Assistant Communication chez Winamax. BetJob est d’ailleurs partenaires d’écoles comme Centrale Lille, SKEMA, ou de master d’universités françaises, qui diffusent les annonces de stages auprès de leurs étudiants.
Combien de CV de candidats recevez-vous chaque jour sur BetJob ?
Chaque jour, nous avons en moyenne 15 nouvelles inscriptions avec CV sur BetJob. Mais il n’est pas indispensable de s’inscrire pour postuler sur notre site. Nous avons décidé de laisser une liberté totale aux candidats. Ils peuvent postuler en trois clics, en uploadant un CV depuis leur disque, ou en utilisant un CV qu’ils peuvent remplir sur BetJob en quelques minutes. Nous disposons de plus de 200 CV à l’heure actuelle.
En parlant de CV et de sa rédaction, quels conseils pertinents peux-tu donner à un candidat qui souhaite « taper dans l’œil d’un recruteur » ?
J’avais préparé une liste de conseils impertinents, mais puisque tu veux des conseils sérieux, je pense qu’il est indispensable d’orienter son CV selon le poste que l’on brigue. Attention, ne me méprenez pas, je ne vous conseille aucunement de pipoter vos expériences (!) mais bien d’en tirer les éléments essentiels et en lien direct avec votre candidature.
Ne pas envoyer le CV standard, mais réaliser un travail de mise en relation des expériences, professionnelles mais extra-professionnelles également, car dans ce milieu spécifique, vos engagements dans des associations de joueurs par exemple, votre connaissance fine des règles, des côtes, de certains sports obscurs peut faire la différence. Enfin, il est indispensable de faire de la veille autour du secteur (contexte légal et particulier de l’igaming) et de l’entreprise visée avant de postuler. Cela peut paraitre évident, mais c’est souvent oublié.
Est-ce que les candidats doivent souscrire à un abonnement spécifique pour accéder aux offres d’emplois proposées sur BetJob?
Non, comme expliqué précédemment, nous avons fait le choix de laisser le maximum de liberté au candidat.
Quels sont actuellement les profils les plus recherchés par les entreprises du secteur ?
Les traders sportifs avec une connaissance précise d’un sport ou d’un championnat peu connu sont difficiles à trouver et donc recherchés activement. Les postes à forte responsabilités demandant beaucoup d’expérience ont également du mal à être comblés, ceci s’expliquant par la jeunesse du secteur et du peu de candidats ayant 5 à 10 ans d’expérience dans l’iGaming. Les postes couramment recherchées mais qui trouvent également facilement des candidats sont les postes liés à la gestion de la relation client.
Quand j’ai présenté ton site sur mon blog, Henri, l’un de mes plus fidèles lecteurs a laissé un commentaire qui disait en substance : « de toute façon pour être employé dans ce secteur…il faut être jeune et diplômé d’une grande école ! ». Est-ce qu’un homme d’une cinquantaine d’années passionné par le poker, ultra motivé et mobile a une chance de trouver un emploi dans le secteur ?
Oui, car c’est un milieu ou l’expérience, rare à dénicher dans ce secteur relativement jeune et encore fermé, peut primer sur les diplômes ! Il n’est pas rare de retrouver à des postes de management des autodidactes, passionnés qui se sont formés davantage autour du tapis vert, des jetons ou de la pelouse, plutôt que sur les bancs de la fac ou d’école. Ces derniers sont par contre privilégiés sur des postes à forte composante marketing, et peuvent accéder à leur premier job dans l’iGaming à la suite des nombreux stages proposés.
Est-ce que BetJob va évoluer à terme ? Si oui, peux-tu nous dire quels sont les services supplémentaires qui seront proposés ?
BetJob va effectivement évoluer. Je ne peux pas encore tout dévoiler mais des services innovants dans la gestion des CVs et de l’identité numérique devraient permettre aux candidats d’avoir des outils plus puissants pour promouvoir leurs expériences dans l’iGaming.
Une version premium candidat avec des avantages est également à l’étude. Côté recruteur, nous allons proposer de la pré-selection de CVs. Enfin, plus légèrement, nous prévoyons l’organisation d’un championnat de poker gratuit permettant au gagnant de décrocher un contrat de sponsoring d’une room pour les WSOP, ou encore un concours de pronostics qui permettra de gagner des places pour assister à des événements sportifs.
Pour conclure, l’âme de SuperCaddy souhaite te poser une question : « La nièce de la femme de ménage de Patrick Bruel est une amie d’enfance de mon cousin, peux-tu évaluer sur une échelle allant de 1 à 10 mes chances de trouver un job dans le secteur lors des sept prochains jours ?»
Je dirais qu’elles sont proches de celles d’un tirage backdoor quinte flush face à un carré. Mais qui a dit que les jeux en ligne étaient une question de chance ? (l’ARJEL n’est pas une réponse politiquement correcte !)