Marrakech Poker Open : la quinte papa !
Me voici de retour de Marrakech. Une semaine en comité restreint qui m'aura permis de partager de très agréables moments auprès de Rincevent et d'Alecsendr qui m'ont accompagné. L'occasion aussi pour moi de retrouver de nombreuses têtes connues et de faire connaissance avec d'autres.
Alors que trois satellites étaient programmés, deux pour le main event à 1350 € et un pour le tournoi à 500 €, je ne suis pas arrivé à me hisser parmi les qualifiés. Trois tournois, trois confrontations préflop et trois éliminations. Déçu, j'ai tout de même eu la chance de me voir « offrir » un ticket par un joueur qui avait réussi à passer les satellites du main event à deux reprises.
Vendredi dernier, je suis donc en piste pour jouer ce tournoi à 1350 € avec une farouche envie de réaliser une belle performance. 50 000 jetons pour des rounds de 45 minutes : une structure parfaite pour tenter de développer une stratégie agressive et monter des jetons...
Ma 1ère table sera composée de joueurs live. Comme souvent avec ce type de joueurs, les call-préflop sont larges, les limps sont légions et l'ambiance qui règne autour de la table semble tout droit sortie d'un livre de Marcel Pagnol. Rapidement, j'essaie de bousculer la table et de prendre un ascendant psychologique. Je relance de nombreuses mains préflop, quant à ma fréquence de 3bet : elle agace passablement mes voisins. Après 20 minutes de jeu, je pointe déjà à près de 75 000 jetons.
Puis, vient un coup contre le seul joueur online de la table. Je relance AK, il 3bet, je 4bet, il call. Flop 9 9 10. Là, le coup s'emballe à nouveau. J'ouvre le pot, il me relance, je le sur-relance et il me 5bet, je fold après une longue hésitation. Vu le profil du joueur, je pense être encore devant, mais le pot avoisine les 80 000 jetons sur les blinds 75/150 (lol) et je n'ai pas envie de jouer ce tournoi aussitôt en pariant sur une ligne de bluff de mon adversaire. Il me montrera effectivement son bluff. Fuck ! Les autres joueurs à la table sont médusés et ne semblent pas trop comprendre ce qui vient de se passer (lol).
Après ce coup, me voilà en possession de 35 000 jetons. Tout est à refaire ! Ce que j'arriverai à réussir avec plus ou moins de réussite. Cependant, mon image est très dégradée et mes 3bet sont de moins en moins respectés. Sur cette table, je jouerai encore 3 ou 4 mains intéressantes. Une première où je suis en carnaval complet après avoir 3bet au bouton avec 73o. Check, check sur le flop qui apporte une Q. Turn As, je bet, callé. Hum, c'est un joueur live de type serré, il a probablement l'As. La river est assez anecdotique et mon adversaire check à nouveau. Je lui envoie une mise en espérant être capable de lui faire passer un As mal kické et lui faire croire à AK. Il finit par passer face-up son As. Une fois n'est pas coutume, je lui montre mon bluff et il fulmine.
Quelques mains plus tard, je relance 9-10. Le même joueur me call. Flop : K99 qui ouvre le tirage couleur. Je mise, il call. Le turn quant à lui complète le tirage, je check, il check back. La river est magique : un 10. Je mise fort, il call. Il avait touché sa couleur au turn. Pas trop compris sa façon de jouer cette main sur le coup, mais toujours est-il qu'il est rouge de colère et me lance des noms d'oiseaux. A partir de ce moment, il ne me quitte pas du regard et je comprend qu'il a décidé de faire de moi sa cible.
Peu après, il open-limp UTG et est suivi par d'autres joueurs. Je relance en big blind alors que j'ouvre les jacks. Quand la parole lui revient, il pousse son tapis. Je réfléchis très longuement pour savoir si je dois le payer ou non. Je considère que le limp-reraise avec les AA est une option plus que probable pour ce joueur, surtout que je suis en big-blind et au vu de notre historique commun. Je décide de passer et il me montre AQ...
Une dernière main que j'ai particulièrement aimé à cette table contre un jeune joueur agressif. Je relance 54s UTG, il me call. Flop : A58, je bet, il call. Turn K : check, call, River : Q. Je check, il bet. J'analyse longuement le déroulement de la main, le profil du joueur me fait me dire qu'il peut légitimement être en bluff total et que mon 5 est peut-être devant, je décide de faire un hero call. Il retourne 54s également, nous échangeons des sourires complices...
Un petit peu plus tard, je suis déplacé de table. En manque de jeu et la montée des blinds ayant fait son effet, je me retrouve assez short (30 bb environ). Après 11 heures de jeu, la journée se termine et j'ai 48200 jetons devant moi à l'aube du Day2.
Le lendemain, le chip-count est affiché à l'entrée de la salle de tournoi. Nous sommes encore 77 sur 159 joueurs au départ. Mon maigre tapis, me permet tout de même de laisser une quinzaine de joueurs derrière moi. Les tables ont été retirées, je retrouve plusieurs joueurs que j'avais croisés la veille. L'ambiance est cordiale, mais la tension est très palpable.
La zone 15-20 bb est très certainement celle que je préfère en tournoi, surtout face à des joueurs très académiques. Je vise particulièrement un joueur (Mehdi Hsissen) qui m'a l'air très sérieux et le 3betshove à la moindre occasion, je le met en tilt. Il foldera même un AK ouvert UTG, callé par deux joueurs que je squeeze à tapis de big blind avec QJs, je lui laisse croire que j'avais la même main (lol). J'endosse donc le rôle de poison et je grignote jeton après jeton pour passer à 200 000 chips après 1h30 de jeu dans ce Day2.
Un joueur espagnol est également à la table, il s'agit de David Camara. Alors qu'il est assez short et qu'il pousse son tapis, je décide de faire un call un peu border line en big blind avec A6. Même si je me dit que je dois certainement être derrière, la cote qui m'est offerte avec les antes au milieu est alléchante . Et puis, sa range de push à ce moment là est assez large : tous les Ax, tous les suited connectors, les broadways et any paire. Une autre raison me pousse à le caller : j'estime qu'il est très certainement l'un des meilleurs joueurs toujours en jeu, l'éliminer à ce moment là du tournoi ne serait pas plus mal pour la suite. Il retourne A3... malheureusement, le croupier ne me permet pas de remporter le pot !
Puis vient la main qui me sera fatale après 16 heures de jeu dans ce tournoi. Redescendu aux alentours de 150 000 jetons sur les blinds 4000/8000, Mehdi Hsissen relance UTG. Une relance plus que suspecte. Alors qu'il avait pour habitude de relançer aux alentours de 2.5 bb, cette fois il propose presque 3 fois plus. J'ouvre 10-10 en small blind. Immédiatement, il me dit : « si tu pousses encore ton tapis, je te jure que je te call ! ». Je sais à ce moment précis, entre la relance et ses paroles, qu'il préfèrerait ne pas être payé. AK ? Paire de 7, 8 ou 9 ? Peu importe finalement, je ne crois pas du tout à AA ou KK et assez peu à QQ ou JJ : si c'est AK je suis prêt à jouer le flip qui peut me propulser en haut du classement. Si c'est une pocket paire, il foldera probalement. Je réfléchis très peu de temps et envoie mon tapis. Il insta-call avec AK. Le flop arrive : 10 XX. Cool, cette fois c'est la bonne. Turn : J. Outch, je commence à frémir. River : Q ! WTF croupier ? Mehdi Hsissen explose de joie, les autres joueurs s'attroupent autour de la table. Je ne bronche pas et quitte le tournoi sonné. J'entends au loin Medhi qui dit que ça me pendait au nez, etc...
OK, il s'agit d'un simple coin-flip. Mais celui-là m'a fait très mal. Pas uniquement à cause du déroulement du board, mais parce que je pense avoir joué mon meilleur tournoi live depuis mes débuts. Une seule fois en 16 heures, je me suis retrouvé en situation de all-in payé et une fois encore le sort n'a pas voulu me donner ce petit coup de pouce qui aurait pu m'emmener vers la grande et belle perf... Après avoir bullé l'an dernier un ticket high-roller à 9000 €, m'être fait craqué les AS par les AS en mars pour un package WSOPE à 12 000 €, mes fins de tournois à Marrakech sont décidément très compliquées mentalement. Mehdi Hsissen et David Camara ont quant à eux terminé aux 2ème et 3ème places pour 29 874 € et 19 399 €... Prochaine étape, la finale live Bwin Poker Hero les 18 et 19 juin. One time bordel !